Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Cinéma chinois
28 octobre 2006

J 2 : De HUANG Weikai à la Chine expérimentale de Light Cone

Hier, jeudi 26, j'ai assisté à la projection des films de 16h30 à 22h environs.

La première séance était consacrée à une série de cinq courts-métrages.
Le premier, Laden's Body could Be Nothing But a Copy de HUANG Weikai, s'ouvre sur un jeune-homme écoutant en somnolant une émission de radio au cours de laquelle l'animateur propose aux auditeurs d'inventer une histoire à partir de trois mots : "Ben Laden", "Ukraine" et "Femme". Un auditeur appelle et raconte une histoire selon laquelle Ben Laden aurait été retrouvé en rêve par une femme ukrainienne dotée de pouvoirs magiques. La suite du film : une série de personnages reprennent l'histoire, tout en la déformant, et la propage à travers la ville sur le mode du téléphone arabe... Jusqu'à ce que cette même histoire soit reprise à la télévision dans le Journal télévisé... Amusant petit film sur la crédulité des gens et des media en particulier. Mais cette comédie pointe du doigt un sujet qui n'est pas une farce ! Souvenez-vous : aux Etats-Unis, un blogger avait lancé une rumeur sur son blog concernant la guerre en Irak, et cette information avait été reprise textuellement par de grands médias [pour ce qui est de la référence exacte de cette histoire, je vais la chercher et vous la communiquerai ultérieurement]. De quoi s'interroger en effet sur la fiabilité de l'information à l'heure où de simples citoyens servent de fournisseurs d'articles et de photos aux médias.... Où se trouve donc le travail de critique et de vérification des sources des journalistes ?...

Le deuxième, Drown de Hu Chuting, est un film très beau sur le plan esthétique, évoquant la recherche d'une chose inconnue. La jeune-fille est suivie dans sa quête par un jeune-homme portant un masque blanc. Cet homme semble être le complice de la jeune-fille, puisqu'il lui arrive de poser sa tête sur son épaule. A moins que ce ne soit son double en quête d'identité ? Outre la symbolique qui laisse la place à diverses interprétations, la réussite du film réside à mon sens dans la beauté des prises de vue (beaucoup de scènes floues supposant un temps de pose assez long s'accordant très bien au rythme du film) et la recherche musicale.

Le troisième film, Chicken Speak to Duck, Pig Speak to Dog de Zhou Tao, représente des hommes "animalisés" juchés sur un arbre et imitant des bruits d'animaux se répondant. J'avoue ne pas avoir bien compris l'intérêt de ce film... Il est certes original, tant du point de vue du sujet que de la mise en scène, et les bruitages sont plutôt bien faits, mais ça n'a pas suffit à me convaincre...

Le quatrième film, Shock of Time de Sun Xun, est le deuxième film d'animation de ce réalisateur qui soit présenté dans ce festival. J'avais déjà beaucoup aimé The Magician's Lies, et ce deuxième court métrage renforce encore mon admiration pour ce réalisateur ! En fond de décor, des coupures de presse en chinois défilent pendant qu'un personnage dont on ne voit que le costume (ni visage, ni mains) se promène au fil des pages, avec l'apparition parfois soudaine de canons ou autres symboles. Une première phrase apparaît sur un fond noir posant la question : "L'Histoire n'est-elle que le fruit du mensonge d'une époque ?" puis, plus tard, une deuxième question : "Le mythe peut-il chasser la réalité ?" [ces traductions sont de moi, je n'ai pas eu le temps de prendre en notes les phrases originales en chinois...]. La question, dans les deux cas, semble rhétorique au vu des images montrées et la marque interrogative 吗 n'arrive d'ailleurs que dans un deuxième temps à chaque fois. C'est donc d'une dénonciation du mensonge politique dont il s'agit, plus que d'une réflexion, pointant du doigt la rectification de l"histoire pour mieux respecter l'idéologie en vigueur. Brillant !

Le cinquième court-métrage, Water de Zhou Hongxiang, est une succession de plusieurs scènes d'eau, à différents endroits et à différents moments. Si le but recherché, comme dans Jiangnan Poem de Qiu Anxiong, est probablement la recherche de poésie et un hommage à la peinture traditionnelle chinoise, le résultat me semble mieux atteint, bien qu'il reste quelques longueurs. Pas de musique superflue, le bruit des vagues suffisant à créer une atmosphère propice au rêve...

Bon, il me reste encore le documentaire de Wu Wenguang, Jianghu, et les films courts de Light Cone à commenter, mais ce sera pour une prochaine fois... Même chose pour la séance d'aujourd'hui. Un peu de patience ;-)

Vous pouvez trouver plus d'infos à propos de Light Cone sur leur site.

Publicité
Commentaires
Publicité